Dans la joie et la bonne humeur

Est-ce le réveil au milieu de la nuit ? L’inconfortable somnolence dans l’avion ? La rapidité de la livraison de la valise et de la location de la C3 (vingt minutes après être sortis de l’avion, elle roulait vers le nord sur l’autoroute) qui ne laissent guère le temps de reprendre ses esprits ? La confusion née de souvenirs sur le « berceau de la nation portugaise » ou l’image d’un mur de château médiéval illuminé qui ont malgré tout polarisé l’attention ? Toujours est-il que le discernement n’était pas au rendez-vous, le choix de Guimarães comme destination d’escale entre Porto et Caminha n’est pas l’idée du siècle…

La ville est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 10 ans, elle sera en 2012 Capitale européenne de la culture et pour l’heure, en ce dimanche pascal, elle draine les foules de touristes. Rigoureusement alignés sur la place, ils prennent tous la même photo ; encore que non, pour prendre la même, il faudrait qu’ils soient non côte à côte mais en file indienne et appuient sur le déclencheur une fois que le premier, satisfait, s’est éloigné.

Elle est jolie, Guimarães, ou du moins elle offre un pittoresque spectacle qui correspond bien aux stéréotypes du Portugal : belles maisons crépies de blanc étincelant aux encadrements de baies en granit, balcons de fer forgé où flottent de rouges couvertures pour l’hygiène hebdomadaire, patio à azulejos dans lesquels abondent les plantes vertes, château médiéval, qui vit naître Alfonso I Henriques premier roi du Portugal, entouré d’un parc verdoyant et fort bien entretenu où s’élève un autre monumental château, plus récent, celui des ducs de Bragance… Elle est mignonnette mais on apprécierait de croiser dans ses rues autre chose que des touristes, de voir autre chose qu’un charmant musée, d’avoir d’autres sensations que celle d’être entré dans une carte postale.

Et pourtant il reste des traces d’une activité autochtone, le sol est jonché de pétales de fleurs épars ça et là devant le seuil des maisons. C’est le dimanche de Pâques et tout au long de la route menant de Porto à Guimarães des groupes de personnes aux capes rouges pour les hommes, blanches pour les femmes, circulaient dans les bourgades. L’un d’entre-eux tenait un crucifix ourlé d’une couronne de fleur. Ils accompagnaient un prêtre à la poitrine ceinte d’une écharpe portant l’inscription Christ est ressuscité, alléluia. La compagnie, le « compasso », se rendait de maison en maison pour porter la bénédiction pascale.

A Guimarães, à proximité des édifices religieux, de lourds vantaux de bois entrouverts laissent apercevoir les seuls représentants visibles de la population locale. Des statues de bois peinte, grandeur nature. Elles figurent, avec un réalisme étonnant, les stations du chemin de croix. Toute la légèreté et l’allégresse qui caractérisent la religion chrétienne, particulièrement dans la péninsule ibérique, atteignent là un sommet d’expression. Ça irradie d’une sereine vitalité et d’amour de la vie…

Commentaires fermés sur Dans la joie et la bonne humeur

Classé dans carnet de route

Les commentaires sont fermés.