Il bêche une terre brune et grasse, incongrue sur cette île pierreuse au sol gris parsemé de chardons jaunes, seuls survivants, mal en point, à la fournaise de l’été qui s’éloigne. Glèbe généreuse, don de Dieu ou des fidèles ? Prérogative des moines quoi qu’il en soit. Sur ses terrasses surplombant la mer, il sarcle les pieds de luisantes aubergines ventrues. Il bine le carré de tomates dans l’azur immaculé du ciel. Il lève la tête et nous aperçoit accoudés au parapet de la terrasse.
– Deutsch ?
– Nein, Italiener.
– Milano ?
– Si, Milano.
– È bella Milano !
– Si… è bella…
Milan est loin. Très loin de la transparence, de la quiétude de cette après-midi finissante baignant les rives de la mer de Libye. Inconcevable.
... dans la mauve et l'asphodèle. 