Une ambition dans le désert

« …l’expansion économique. Sous cette formule de sorcière, les anciens colonialistes s’efforçaient de perpétuer leurs rapines, en introduisant leur psychose de consommation chez des peuples sains qui n’avaient nul besoin de posséder une automobile pour attester de leur présence sur cette terre. »

Cet homme souverainement élégant qu’est (qu’était) Albert Cossery néglige les pincettes.

Le peuple sain en l’occurrence est celui de Dofa, dont le nom évoque et ce n’est sans doute pas un hasard, celui de la capitale d’un Etat de la péninsule arabique.

Les couleurs de l’infamie

Ossama élégamment vêtu et sourire aux lèvres arpente les rues du Caire.

Le jeune homme exerce la noble profession de voleur, un voleur dont « l’ambition n’est pas d’avoir un compte en banque (acte déshonorant par excellence) mais simplement de survivre dans une société régie par des forbans sans attendre une révolution hypothétique ».

Ossama, jadis, a appris à lire et à écrire puis cherché un emploi, en vain. Il se fit alors mendiant mais handicapé par l’absence de mutilation physique propre à lui attirer la bienveillance d’éventuels donateurs, il manqua mourir de faim. Il comptait mettre fin à ses jours en se jetant sous les roues d’un camion chargé de pastèques, lorsqu’il rencontra Nimr, un voleur patenté et philosophe (Le risque c’est ce qui nous différencie des banquiers et de leurs émules qui pratiquent le vol légalisé sous le patronage du gouvernement), prodigue en enseignement virtuose.