Archives de Tag: littérature Balkans

Les Karivan

« Le premier modèle pour la reconstitution de cet annuaire furent les histoires de famille presque oubliées. J’écrivis au sujet de tantes, d’oncles et de parents que je n’avais jamais vu, même si j’avais entendu quelque chose sur leur compte. Chaque allusion, même minime, chaque fait, même ceux qui étaient probablement inventés, me furent utiles pour reconstruire le reste de l’histoire qui partout, à chaque page des Karivan, voudrait être un témoignage sur une vie, une vie vécue, la vie d’un siècle. »

A l’automne 1993 un annuaire téléphonique désormais inutilisable puisque le central téléphonique de Sarajevo a été détruit, un annuaire téléphonique témoignage d’un monde englouti, sert de point de départ, de prétexte à l’écriture des Karivan. Lire la suite

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Sangsues

A présent je comprends qu’en fait j’évitais d’aborder la réalité et que tout ce qui m’arrivait dans ces mois de printemps  d’il y a six ans, où je me jetais à corps perdu dans un monde brumeux chargé d’événements mystiques, était une façon de me donner le change, une sorte de consolation ou plus exactement de fuite, afin d’échapper à ce que représentait alors notre monde, ou plutôt la réalité de ce monde. Quelque part au Canada, en 2005, un homme vide son stylo sur des pages. Remémoration, jusqu’à ce que l’encre s’épuise, sans être jamais très sûr de l’intérêt de la narration produite, de quelques mois de sa vie, à partir du 8 mars 1998, au crépuscule, sur les quais de Zemun où il a assisté à une gifle. Lire la suite

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Chaque jour, chaque heure

C’est comme toujours quand ils sont ensemble. Parfait. Chacun de leur mouvement complète celui de l’autre. Tout s’harmonise. Sans difficulté. Corps, regards, mots. La perfection de la vie. C’est comme si le temps écoulé n’avait jamais existé. Lire la suite

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L’Île

Qu’elle survive à Ivan, de la même façon elle mourrait seule, et un voleur la découvrirait passée de vie à trépas. Des inconnus la porteraient au cimetière, et personne ne viendrait à son convoi. Personne ne mentionnerait son nom, personne ne réciterait de prière pour le salut de son âme. Lire la suite

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Amour et obstacles

– Alors Sarajevo vous a plu ?

– Je n’ai pas encore vu grand chose, mais ça me rappelle Beyrouth.

Ah oui, et la fontaine Gazi Husrevbegova, dont l’eau possède une saveur sans égale dans le monde ? Et les minarets qui s’illuminent tous en même temps, au coucher du soleil, le jour de ramadan ? Et la neige qui tombe lentement, chacun de ses flocons qui descend dans une chute patiente, chacun pour soi, comme en rappel le long d’un fil de soie sombre ? Et le fracas des volets en bois le matin, à Baščaršija, lorsque toutes les vieilles boutiques ouvrent à la même heure et quand les rues exhalent un arôme de café à la mousse épaisse ? La chitine du monde est encore en train de durcir, ici, mon pote. Lire la suite

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Jésus et Tito

Soudain le ciel devient sombre. Des gouttes grosses comme des yeux de vache commencent à tomber sur la peau sèche de notre rue. Un éclair arrache le manteau noir du ciel avec un bruit sec et déplaisant.  Une seconde plus tard, une couche d’eau recouvre chaque chose : la cour et ses arbres, le pré fatigué, notre terrain de foot, les toits et la petite Lada garée devant la maison. Lire la suite

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Volga, Volga

Je m’appelle Dželal Pljevljak. Depuis trente cinq ans je travaille comme personnel civil de l’armée. Je suis un homme faible et tendu. A trois reprises j’ai rencontré des personnes qui ont fait de moi un homme un peu plus serein. Lire la suite

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Cadeau d’adieu

N’est-il pas étonnant de voir comment les rêves insufflent vie à la cendre et à la poussière de notre réalité ? Nous jouons dans la boue du désir, tel ce bêta d’Epiméthée , nous modelons des créatures qui prennent brusquement vie, déchirent la fine membrane de nos attentes, et, aussi réelles que les cauchemars d’enfants, se jettent sur nous. Mais à quoi bon, Seigneur, ce lyrisme ? D’où est-ce que je sors cette boue, cette vase, ces poussières ? Et où est le drame là dedans ? Lire la suite

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Le palais en noyer

« Il y a deux façons naturelles de quitter le monde : ou bien, comme c’est le cas pour la plupart d’entre nous, on part résigné de voir la vie s’en aller, ou bien on finit par sombrer dans la folie car l’âme ne résiste pas au refus de toute résignation. C’est toujours l’intensité de la folie qui détermine la durée d’une vie. »

Diana Delavale, fébrile d’anxiété, explique à l’archiviste en instance de retraite du commissariat de Dubrovnik, que le jeune docteur qui a effectué une injection létale à sa mère, Regina Delavale, née Sikirić, n’avait pas d’autre choix. Lire la suite

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L’espoir est une chose ridicule

« La partie la plus ardue, dans la narration écrite de la vie de quelqu’un, c’est d’effectuer un tri dans l’abondance de détails et de micro-événements. Tous également signifiants, ou également insignifiants. Si l’on choisit de n’inclure que les événements importants (les naissances, les morts, les amours, les humiliations, les fins et les commencements) on en exclut la substance réelle de la vie, l’éphémère, les moments de rien, bien trop minuscules pour qu’on s’en souvienne : le train qui s’arrête dans une gare où il n’y a personne, une araignée qui glisse le long d’une corde invisible et qui atterrit par terre juste le temps de se faire marcher dessus, un pigeon qui vous regarde droit dans les yeux, un léger hoquet de la personne qui se tient devant vous dans la queue pour le pain, un mot inintelligible prononcé par une fille d’une nuit, qui dort nue, anonyme, à côté de vous. Lire la suite

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