Archives de Tag: Miljenko Jergović

Les Karivan

« Le premier modèle pour la reconstitution de cet annuaire furent les histoires de famille presque oubliées. J’écrivis au sujet de tantes, d’oncles et de parents que je n’avais jamais vu, même si j’avais entendu quelque chose sur leur compte. Chaque allusion, même minime, chaque fait, même ceux qui étaient probablement inventés, me furent utiles pour reconstruire le reste de l’histoire qui partout, à chaque page des Karivan, voudrait être un témoignage sur une vie, une vie vécue, la vie d’un siècle. »

A l’automne 1993 un annuaire téléphonique désormais inutilisable puisque le central téléphonique de Sarajevo a été détruit, un annuaire téléphonique témoignage d’un monde englouti, sert de point de départ, de prétexte à l’écriture des Karivan. Lire la suite

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Volga, Volga

Je m’appelle Dželal Pljevljak. Depuis trente cinq ans je travaille comme personnel civil de l’armée. Je suis un homme faible et tendu. A trois reprises j’ai rencontré des personnes qui ont fait de moi un homme un peu plus serein. Lire la suite

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Le palais en noyer

« Il y a deux façons naturelles de quitter le monde : ou bien, comme c’est le cas pour la plupart d’entre nous, on part résigné de voir la vie s’en aller, ou bien on finit par sombrer dans la folie car l’âme ne résiste pas au refus de toute résignation. C’est toujours l’intensité de la folie qui détermine la durée d’une vie. »

Diana Delavale, fébrile d’anxiété, explique à l’archiviste en instance de retraite du commissariat de Dubrovnik, que le jeune docteur qui a effectué une injection létale à sa mère, Regina Delavale, née Sikirić, n’avait pas d’autre choix. Lire la suite

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Ruta Tannenbaum

« Et cet air-là, au lieu de trembler ne serait-ce qu’un petit peu, regardait l’Allemand droit dans les yeux.« 

Cet air-là, que le soldat allemand qui garde la frontière de l’Autriche après l’Anschluß fixe d’un œil absent est Ruta Tannenbaum,  cruelle, insolente, vaniteuse et extrêmement douée, jeune comédienne du Théâtre National Croate. Un prodige, la Shirley Temple des Balkans. Lire la suite

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Srda chante, au crépuscule de Pentecôte

« Elle se tordait semblable à un cobra dans le panier du fakir ; de temps à autre ses hanches vibraient comme si elle avait une crise d’épilepsie ou était un batteur allumé, et, alors, consciente d’avoir atteint l’apothéose, qui comme toutes les apothéoses ne peut durer, elle commençait à s’incliner vers l’asphalte jusqu’à disparaître de la vue des automobilistes, pour ressurgir soudain, vive, sauvage et désinvolte, aux premières notes de la chanson de Šemsa Suljaković. »

A la première ligne de l’ouvrage Srda (heureusement que l’écrit me dispense de prononcer ce prénom, je serais bien en peine) l’adolescente Srda Kapurova, gît sur le carreau vert de la morgue de Zagreb. Lire la suite

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Inšallah Madona, Inšallah

« … cours et trouve l’accordéon de quelqu’un d’autre. Mon petit français, cette chanson, il ne sait pas te la jouer. »

Qu’est-ce que ne peut jouer un accordéon parisien ?

Un instant… Calez-vous confortablement dans un fauteuil. Fermez les yeux. Si j’osais, je vous suggèrerais même de boire une petite rasade d’alcool fort, de celles qui dénouent la tension du quotidien et donnent la sensation que la circulation du sang dans les veines devient plus fluide. Lire la suite

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Freelander

« Cette Volvo l’avait immobilisé aux temps où il était un professeur d’histoire de 35 ans, elle l’avait ancré dans ces saisons de la vie desquelles tous les êtres humains, y compris s’ils sont Croates et catholiques, devraient sortir une fois pour toute, pour commencer à respirer. Au risque de mourir le jour suivant, mais en hommes libres. »

A 35 ans, Karlo Adum avait fait un voyage en Suède pour rendre visite à une tante, exilée en Scandinavie parce que son mari avait quelques craintes quant aux effets possibles de son activité militaire durant la seconde guerre mondiale si jamais il était resté en Yougoslavie et Karlo en avait profité pour assouvir un rêve : acheter une magnifique Volvo, orange, au klaxon évoquant les symphonies  de Malher, inusable fleuron de l’industrie automobile scandinave.  Lire la suite

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Sarajevski Marlboro

« Caresse doucement tes livres, étranger. Et souviens-toi qu’ils sont poussière. »

les derniers mots du livre que je tiens entre les mains…

29 nouvelles, très courtes, entre trois et cinq pages, parfois moins. Du concentré,  de l’essence de récit. Les narrateurs en sont des habitants de Sarajevo ou de ses immédiats environs, Vitez, Kakanj… ils parlent d’eux-mêmes, « je » anonyme, ou de leurs voisins, Zoran, Rade, Musa, Izet, Dinka, Velija… tour à tour Croates, Serbes ou Bosniaques, mais cela importe sans doute davantage aux autres qu’à eux-mêmes. Lire la suite

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